7 – HABARANA à ARUGAM BAY

Ayu bohan

Plus de place à la fenêtre dans le bus 49 à Trinco. Je m’installe à l’avant, derrière le chauffeur, j’attends que ça démarre. J’ai la vue sur mon sac, posé à côté du changement de vitesse. Il fait chaud quand ça ne roule pas. Le tableau de bord est encombré de tas de saloperies comme toujours, de la nourriture, des fleurs, les affaires personnelles du chauffeur, des paquets de-quoi-je-ne-sais-pas. Au-dessus du pare-brise sont alignées des reproductions de Jésus, de Bouddha, de Shiva et Ganesh et du kabaa de La Mecque. Comme ça on ne fâche personne. On démarre enfin, on roule lentement, à ce train, on n’est pas arrivé. Et ça monte à chaque arrêt. Il n’y a plus de place et pourtant ça monte encore. Moi-même, assis, je dois défendre mon espace vital. On me donne un sac à mettre entre mes jambes. Ça fera une personne de plus à pouvoir monter. A mi-trajet, ma voisine debout, avec laquelle nous étions en fusion, me fait signe de vouloir s’asseoir car elle ne se sent pas bien. Je préfère qu’elle vomisse sur ses genoux plutôt que sur les miens. Je finis le trajet debout. Ce n’est pas si mal. J’écarte les bras pour me tenir aux barres horizontales en hauteur. Du coup j’aère les aisselles et ça fait du bien. Le trajet n’est pas si long. Deux heures pour rejoindre Habarana. De retour dans les terres. Je descends du nord au sud en zig-zag (voir carte). Habarana n’est pas une ville à proprement parler. C’est un croisement de routes est-ouest (Colombo) et sud-nord (Jaffna), bordé de restaurants où ne vont pas les locaux, bonne base pour les sites de Sigiriya, Dambulla et Polonnaruwa. Qui s’adapte donc aux touristes (prestations, prix, affabilité…).

Jolie guesthouse dans la « jungle », au calme et à l’écart. J’ai l’impression que je vais rester un peu. Grande chambre, salle de bains très correcte, Air conditionné pour mettre à bonne température le soir, grande terrasse pour moi tout seul. Le couple de propriétaires est aux petits soins. La mama m’offre une part de gâteau à la noix de coco succulente. Ne pas oublier de lui demander la recette. Le padre ratisse les feuilles de son luxuriant jardin. Dans ces régions tropicales, le tomber des feuilles est incessant. Alors on vit presque avec le râteau dans les mains. C’est drôle mais j’en éprouve un léger manque. Je pense que je les embête un peu car j’ai le sentiment d’avoir changé de dimension en venant vers cette zone plus touristique que là d’où je viens. Les prix généraux sont… touristiques. J’ai l’impression de ne parler que de cela, mais, comme je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises, « alors que le touriste raque, le voyageur radine ». Car le voyageur est au long-cours. Alors je mégote sur tout, et j’ai raison. Au-delà du gain obtenu sur tout, cela agrémente les échanges et procure le respect des interlocuteurs. Parfois on me dit que c’est une histoire de 1 ou 2 dollars. En sous-entendu, il faut comprendre que 1 ou 2 dollars, ce n’est rien pour moi. C’est vrai, mais je m’adapte à la valeur des choses locales. Et tant que ça n’est pas une perte de temps (à mon rythme, le temps ne compte pas) c’est toujours gagné. J’ai le désir d’acheter au prix qu’il faut. Et malgré mes exigences et mes relatifs succès, je ne suis pas dupe, j’en laisse en trop quand même. Si ça ne me convient pas, je n’achète pas, et voilà tout. Autour de ma guesthouse, il y a d’autres guesthouses éparpillées. Des écureuils, que j’apprendrai être des « funambules à cinq raies claires » me regardent et font un va-et-vient sur le portail. On en voit beaucoup de cette espèce un peu partout.

Un tuktuk m’emmène au pied du Pidurangala pour voir le coucher du soleil, ce qui est une activité très populaire dans la gente touristique. De coucher de soleil il n’y aura pas ce soir, non que le soleil n’ait pas envie d’aller au lit après s’être lavé les dents, mais les nuages sont trop présents. Il n’empêche, la vue sur les alentours est époustouflante. Elle récompense une montée par moments vraiment ardue, d’autant que je n’ai pas pensé à troquer mes tongs contre des chaussures correctes, comme tout le monde. Une vraie inconscience ! Les tongs résistent. J’ai eu quelques frayeurs malgré tout. Certains passages sont des goulets, on ne peut se croiser qu’en dansant la biguine collés-serrés et il y a embouteillage. Mais on y arrive. De là-haut on voit tout proche le « rocher du Lion », Sigiriya, qui est un des hauts lieux touristiques du Sri Lanka. Lors de ma tournée en scooter du lendemain (j’aurais dû acheter une carte de fidélité !), je snoberai Sigiriya, ce qui n’offusquera pas les agences de tourisme locales puisqu’elles ne seront pas au courant. Plusieurs raisons à cela : 1. J’y suis déjà venu il y a trente ans, ce qui est de la belle mauvaise foi puisque j’ai bien sûr oublié. 2. Ça m’agace un peu ces endroits incontournables où tout le monde, groupes, familles et individuels, se bousculent. 3. Tout comme on voit mieux la Tour Eiffel depuis d’autres hauteurs que quand on est dedans, j’ai vu le rocher depuis Pidurangala, ce qui est un autre cas de mauvaise foi puisque les fresques qui parcourent la montée du rocher du Lion sont remarquables, et ça je ne les ai pas vues (ah si, il y a trente ans). 4. Et surtout le prix de l’entrée, plus de 30 € pour les étrangers et 120 fois moins pour les locaux. Ces inflations de prix subites m’agacent au plus haut point. Rappelons que le prix plein tarif du musée du Louvre est de 22€ (avec multiples conditions de réduction ou gratuité). En lisant des commentaires sur le Net, je m’aperçois que je ne suis pas le seul à dire que c’est pas bien.

Donc j’aborde, je renifle et je contourne Sigiriya, la campagne est superbe. Ils proposent même des balades aux touristes en charrettes à bœufs ! N’importe quoi ! Le jus d’ananas est devenu une boisson de luxe. Je descends jusqu’à Dambulla où se trouve une succession de temples troglodytes. Chaque caverne ancienne (jusqu’à 2.000 ans) est décorée de peintures sur les murs et les plafonds et agrémentée d’une statuaire nombreuse de bouddhas couchés, assis, debout, accroupis, à genoux et les pattes en l’air incroyables. Réellement sublime, d’autant que l’entrée n’est que de 6 €, ce qui, tout compte fait, n’est déjà pas rien. Je m’installe sur un escalier pour manger ma banane chipée au petit déjeuner. Je fais bien attention que l’endroit soit dénué de tout singe. J’épluche le fruit avec gourmandise, certain de la béatitude imminente de mon estomac. Et patatras, voilà un macaque, puis un autre. Elles ont un odorat et une vison incroyables ces bestioles. J’ai le temps d’avaler une bouchée et n’ai pas d’autre choix que de leur balancer le reste.

Et la balade générale est superbe par de petites routes secondaires, pas toujours asphaltées, bordées de lacs, de rizières et autres cultures, elles-mêmes bordées de hautes clôtures discrètes électrifiées pour éviter les papattes des éléphants. Quelques varans habituels traversent la route rapidement, un paon est grimpé à un arbre, une mangouste furète sur le côté, me laisse le temps de la reluquer avant de se cacher dans les fourrés. Il est bien possible que ce soit la première mangouste que je vois de ma vie. Je zigzague parfois entre les chiens assoupis le ventre collé au bitume.

Aujourd’hui c’est jeudi, c’est safari. Je loue une jeep et un driver, c’est abordable, 30 €, entrée du parc comprise. Le Sri Lanka fourmille de parcs nationaux pour laisser en paix sa nombreuse faune sauvage. En effet, sur un si petit territoire, les animaux sauvages abondent, à commencer par les grands mammifères emblématiques que sont les éléphants. On considère qu’il en reste 6.000 sur l’île. Il y en aurait 800 dans le parc où nous allons (Hurulu Eco Park). Et c’est parti mon kiki, je suis tout seul dans ma jeep, alors que les autres sont matrimoniales où familiales, voire amicales. Me voici Louis XIV en visite de ma jungle. Cela turlupine mon driver qui finit par me demander pourquoi je ne viens pas avec ma dame. Why, why, why, I don’t know, why, why, why, I’m born in ghetto (on se lève tous pour BL, BL, BL, BL c’est tellement bon 😊). Nous voilà partis à ouvrir le Livre de la jungle, à l’assaut de la patrouille des éléphants (merci Walt D.). Impossible d’en louper, mâles solitaires ou familles avec des petits. Je ne les trouve pas très grands. Il me semble en avoir vus de plus volumineux en Assam dans le nord-est de l’Inde. Mais c’est bien quand même, même si à un moment, les éléphants ça va bien comme ça.

Cela me rappelle un safari fait en Tanzanie où nous avions vu tellement de zèbres et de gnous que nous ne les regardions même plus et nous sommes endormis dans la jeep. C’est vrai qu’on est bien balloté. Pas de crocodile (rock - sors de ton piano Elton J.), il y en a au Sri Lanka, dans les zones de mangroves, mais pas ici. J’aurais pu, avec énormément de chance, apercevoir un léopard. Oui mais voilà, léopard fume son cigare (et Gaston répond au téléfon – on applaudit bien fort le Grand Nino F.). Bref, belle balade qui varie les activités. Au retour sur la grand route, tout le monde s’arrête régulièrement, les voitures, les camions, les bus, pour voir manger les pachydermes au bord de la route. De temps en temps, ils ont envie de traverser, alors on laisse passer sa Majesté Babar et sa patrouille d’éléphants. Si, ami lecteur, tu reconnais les chanteurs (très mal) cachés dans cette bafouille, tu te verras décerner le « Diplôme du parfait vieux » (ou vieille) 😊.

Ce que je lis : pour un petit pays (grand comme l’Irlande), le Sri Lanka abrite une incroyable diversité d’espèces animales : 125 de mammifères, 245 de papillons, 463 d’oiseaux, 96 de serpents et plus de 320 de poissons tropicaux. Comme souvent, leur environnement est fragilisé et il n’est pas surprenant que plusieurs espèces soient menacées. En tout cas, au retour dans ma salle de bains, une toute petite grenouille est venue me visiter, à peine deux centimètres. Elle s’est cachée derrière le robinet du lavabo. On se regarde. Elle fait un peu sa star et me laisse le temps de la prendre en photo. Puis elle fait un bond extraordinaire d’au moins un mètre cinquante pour aller rejoindre sa famille. Et puis cette nuit, c’est le concert des chiens ! Des chiens, il y en a un peu qui portent un collier, ils sont de divers races, aimés et bien nourris par leur propriétaire. Il y en a d’autres, sans collier, de cette race bâtardisée indéterminée qui appartiennent à un humain en échange de la protection d’un territoire plus ou moins déterminé. Ceux-là aboient quand on passe dans leur alentour et se montrent parfois agressifs. Le plus souvent ils restent à distance, quatre ou cinq mètres, en aboyant. C’est très chiant. Il y en a un avec une tête de pittbull mal rasé qui m’a coursé quand j’étais en scooter. Il ne valait mieux pas qu’il me rattrape ! Ceux qui ont peur des chiens, pour des raisons qui tiennent à de mauvaises expériences dans l’enfance en général, ne se sentiront pas bien au Sri Lanka. Et puis il y a la masse des autres, de même race approximative, qui errent, font les poubelles, passent leurs journées à somnoler pour tromper la faim et se reproduisent à l’infini. On les trouve partout en Asie, en Afrique sans doute. Il y avait les mêmes en Egypte.

And now, ladies and gentlemen, réservez votre meilleur accueil aux Doggies, venus spécialement vous empêcher de dormir depuis le Sri Lanka Palace. Attention Mesdames et Messieurs dans un instant, ça va commencer, installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment, c’est toujours le même big bazar depuis la nuit des temps hop hop hop (Mille mercis à Michel F.). Et puis, quand les Doggies ne savent plus pourquoi ils aboient et que ça se termine enfin, c’est l’entrée en piste des Mosquitoes girls et leur célèbre ballet vibrionnant. Ah qu’elles sont jolies les filles de mon pays. Et on propose tous gentiment à Enrico M. de retourner à sa pétanque. Qui veut bien le reconduire ?

Court trajet de 40 kms en bus pour Polonnaruwa. La vieille ville est une sorte de croisement sans intérêt. On y vient surtout pour la cité ancienne. J’emprunte un vélo à la guesthouse (très bien encore). Je préfère ce site à celui d’Anuradhapura qui n’était constitué que de stupas, mais la balade en vélo dans les rizières avait été incroyable. A Polonnaruwa, il n’y a pas de vie locale, l’entrée est également chère (27 €), les marchands ambulants sont insistants et les vendeurs de boissons sont des voleurs. Le site est plus ramassé, je le visite sans peine en deux heures et demie. L’intérêt est meilleur au niveau des bâtis et de la statuaire (de très beaux bouddhas). Polonnaruwa a été capitale d’un royaume durant deux siècles seulement, mais a laissé de bien belles traces. Très agréable balade en vélo le long d’un des réservoirs si présents au Sri Lanka. Le Sri Lanka ne manque pas d’eau. A la guesthouse, le proprio semble s’être donné pour mission de m’avoir toujours dans sa zone de mire. Il est (trop) prévenant. C’est un peu gênant de petit déjeuner quand quelqu’un vous regarde fixement. Je ne comprends pas toujours ce qu’il me dit en anglais mais il est très gentil.

Deux heures et demie de train pour retrouver la côte est à Batticaloa. Je m’offre la 3ème classe. Pas le choix, c’est un train 3ème classe. Et c’est parfait. Je commence debout, puis, au gré des descentes, les gares étant nombreuses, j’arrive au summum de la situation qui est la place côté fenêtre dans le sens de la marche. Je crée évidemment l’événement, surtout auprès des petits enfants qui viennent à tour de rôle me taper dans la main. Les jeunes filles sont un peu plus en retenue et jubilent à l’intérieur d’elles-mêmes et répondent timidement à mes sourires. Les parents sont contents aussi. Bref, le wagon entier est au courant que je m’appelle Eric et que je suis français.

Guesthouse moyenne, l’accueil est moins désintéressé que d’habitude. Le fils ne parle pas anglais et le père a des dollars à la place des pupilles. La guesthouse est vide et on m’attribue une chambre avec salle de bains séparée. Je comprends aussi que j’ai réservé une chambre sans air conditionné. Ce n’est pas que j’utilise beaucoup l’AC, mais, quand j’en dispose, je la branche le soir pour descendre la température de la pièce puis je l’éteins et branche le ventilo, ou non. Le patron m’annonce un prix exorbitant si je veux utiliser l’AC. Je m’en passerai. Grand moment quand je demande du papier toilette et que le père me dit que ce n’est prévu que pour les chambres avec AC. C’est un comique ! Les clients ne sont pas égaux dans leur droit à faire caca. J’éclate de rire. Le fils, plus intelligent, m’apporte un rouleau. En tout cas je choisis une chambre à l’étage avec salle de bains incorporée, donnant sur une grande pièce salon donnant elle-même sur une terrasse. Je suis tout seul à l’étage. C’est parfait.

La vieille ville, où je suis installé, est une île calme et assez charmante. Elle comporte un fort hollandais, quelques bâtiments coloniaux ensalpêtrés, quelques églises et une rue commerçante sympa. Je dispose d’un vélo. En passant le pont, on arrive à la « ville nouvelle », plus en mouvements. Une boutique sur deux est fermée. Nous sommes vendredi. L’effet « muslim » sans doute. Ma priorité est de faire réparer une de mes grosses godasses qui commence a ouvrir du bec. Les cordonniers sont installés par terre avec du fil et des aiguilles étalés devant eux. Mon affaire est réglée en 10 minutes, la godasse recousue, elle tiendra au moins jusqu’à la fin du voyage. C’est un défilé permanent de clients qui arrivent avec leurs vieilles tatanes devant lesquelles nos cordonniers, qui ne savent plus guère que ressemeler, se trouveraient bien perplexes. La réparation serait bien plus chère que le prix de la chaussure. Pour soixante centimes, mon affaire est faite. J’apporte aussi un bermuda à recoudre au tailleur pas loin. Cinq minutes et trente centimes après, c’est fait. Tant que j’y suis, je fais renforcer les coutures de mon sac made in China, prix idem. Pendant ce temps-là, mon linge est confié à une laundry près de l’hôtel. Ce sera lavé et repassé pour ce soir.

J’ai une journée pour exploiter les possibilités de Batticaloa. A peu près 28 kms en vélo. Un super joli temple hindou pour commencer. Et puis l’inévitable marché. Et puis encore un jus d’ananas au bord du lagon. Je vais me baigner près du phare, la zone est protégée et calme. Le vrai front de mer n’est pas très accueillant. La plage est magnifique, parfois propre, parfois moins, mais les vagues sont un peu trop grosses pour une baignade tranquille. Le bronzage de mes jambes est magnifique… jusqu’au-dessus des genoux. Et c’est pareil pour les bras… Et le tour du cou. Et la tracve des lanières de mes tongs. Ridicule.

Je n’ai jamais appris à me battre contre des poupées

Je vais bien finir par l’avoir cette danseuse ridicule (quand Francis C. fait sa corrida)

Batticaloa a été victime d’un attentat contre l’église évangéliste de Zion. 27 morts et une centaine de blessés. Les autres communautés religieuses se sont soudées derrière la communauté chrétienne. Ce n’a pas été le cas à Colombo et Negombo, au même moment quand Daech a également perpétué des attentats meurtriers

Et je redescends au sud, emprunte le pont qui mène à Kallady puis Kattankudy jusqu’au chouette Heritage Museum qui retrace la venue des arabes au Sri Lanka. D’ailleurs la zone est résolument musulmane. En quelques coups de pédale, j’ai changé de pays. Certains hommes ont la barbe longue et tous portent un calot. De nombreuses femmes sont voilées entièrement, noires comme des corbeaux (mais sont-elles encore belles ?). Les jeunes filles ont le hijab. Les sourires sont les mêmes (sauf ceux des corbelles que je ne vois pas), mais je ne m’empêche pas d’être gêné. J’achète une bière à mettre au frigo de la guesthouse. Je la boirai au frais ce soir (frais, c’est 28 degrés). Il faut boire vite, car en température ambiante, la bière se réchauffe très vite. Ce soir, au restaurant, une jeune fille dont le sourire inonde mon paysage, m’apporte une part de gâteau. C’est son anniversaire. 20 ans. Je l’embrasse sur les deux joues. Evidemment ce n’est pas une pratique locale. Ça fait rire ses copines.

Au début d’un voyage, on regarde tout. On n’en perd pas une miette. Pour moi, chaque angle peut être l’objet d’une photo. Alors, quand on ne regarde plus vraiment ni qu’on s’étonne, est-ce qu’on est intégré au paysage ou est-ce le moment de partir. J’ai déjà dû écrire des bêtises là-dessus. Aujourd’hui je dis « ni l’un ni l’autre », ni même le troisième. C’est peut-être juste qu’on est bien. Qu’on s’autorise une lecture qui n’a rien à voir sans s’en faire un monde. C’est qu’on a bien le temps. On n’est ni aux aguets, ni blasé. C’est juste la vie qui suit son cours. Et le présent est d’être là (d’être Inch Allah ?).

Plus bas encore, pour clore mon périple à l’est du Sri Lanka, courte étape à Arugam Bay. Il y a la mer, vaste plage très propre. La mer est remuante mais je m’y baigne. Quelques hôtels en bord de plage, d’où la propreté de la plage. C’est dimanche aujourd’hui, les sri lankais arrivent mais vont s’agglutiner en bout de plage. Derrière est la route principale bordée de guesthouses et de restaurants à touristes. On est hors saison, la moitié au moins sont fermés. Je vais trouver mes samousas, qui constituent mon repas du midi, dans la zone sri lankaise. Ma guesthouse est parfaite. Je vous embrasse.