La conduite voiture est très facile. Jusqu’à présent très fluide, routes parfois désertes. Il faut néanmoins faire attention à deux choses, les dos d’âne et les dromadaires, aux animalités quoi… A l’entrée des villages et dans les villes, les dos d’âne sont fréquents et mal signalés, alors pour peu qu’on regarde les femmes voilées plutôt que le bitume, vlan dans les dents ! Pour ce qui est des dromadaires, ils gambadent où ça leur chante et décident de leur trajectoire quand ils veulent, bien qu’ils ne soient pas programmés pour prendre de brusques décisions. Donc ralentir à leur approche. Même s’ils voient arriver une voiture, il n’est pas rare qu’ils décident de traverser quand même, sans se presser, ils savent narguer, parfois s’arrêter au milieu de la route et vous regarder. On ne négocie pas avec un dromadaire. Et là le lecteur attend la bonne vanne machiste… elle ne viendra pas 😉. Les vaches se poussent plus facilement et les ânes restent sagement au bord.

Une bonne majorité des voitures est de couleur blanche. Bien se rappeler où on s’est garé…

Quelques chiffres sur Oman :

- superficie : la moitié de la France

- 4,5 millions d’habitants, dont 2 millions d’étrangers. Les immigrés (on parle de situations d’esclavage…) étant principalement des hommes, les femmes ne représentent que 30% de l’ensemble ! L’homosexualité étant interdite et j’imagine fortement réprimée, et si de plus les musulmans appliquent la possibilité de 4 épouses, cela doit faire pas mal de frustrés !

1,4 millions habitent à Mascate la capitale, joli pourcentage…

- 3 millions de touristes par an (45% du Golfe, 21% d’Asie, 19% européens)

- le PIB par habitant est équivalent à celui de la France, mais les richesses sont évidemment inégalement réparties. Le printemps arabe a vite été éteint ici par des lois d’assouplissement sur le travail, l’accès aux études, etc.

- l’espérance de vie est de 78 ans, les femmes ont en moyenne 3 enfants et le taux d’alphabétisation est de 91%... Pas si mal tout ça donc ! Je reviendrai certainement plus longuement dans un prochain post sur le défi entre tradition et modernité auquel Oman fait face.

4ème jour : Tout est prêt pour partir, j’ai bien vérifié que mon Reflex Canon japonais se trouve bien dans mon sac à dos fabriqué au Vietnam. J’enfile mon t-shirt produit au Bengladesh, mon caleçon (j’ai coupé l’étiquette, je ne sais pas d’où il vient), mon bermuda d’Inde (je vérifie aussi que mon smartphone coréen est dans ma poche) et mes tongs du Sri Lanka. Mon chapeau est chinois. Je monte enfin dans la Mazda japonaise. Qui pourra dire que je n’aime pas le monde ??? Direction l’est à nouveau. C’est l’heure du café à Taqah, mais 2 kilomètres avant, j’avise une grande plage plate et déserte. J’y verrais bien James Bond y faire l’amour avec quelque starlette. Et pourquoi James Bond d’ailleurs ? Moi aussi je pourrais être un espion, Spy Ricou 058 (maintenant on numérote les espions par leur âge). J’ai un peu pris de bidou certes, mais bon, ça se perd le bidou, si on veut, non ? Et toi aussi lecteur, tu pourrais être un espion. Il y a du travail, c’est sûr, mais on peut rêver tout de même 😉. Pour l’heure, je me contente d’une baignade même pas méritée…


Trois phénomènes naturels à mon programme, à faire dans l’ordre tant l’époustouflance va crescendo

- le sink hole (trou d’évier – gouffre) à Tiwi Tayr, dépression grandiose mais décevante car on a finalement pas trop de visibilité de l’ensemble. Il faudrait être un drone.

- la Taik cave est beaucoup plus impressionnante et surtout visible avec la possibilité de s’approcher du bord. L’environnement est marron foncé, lunaire et rocailleux. Le sol est jonché de pierres noircies par le soleil.

- enfin le Djebel Samhan est une monstruosité de grandeur de la nature. La route qui y mène est rurale, rude et rupestre. Avec toutes ces vaches et ces ânes, on pourrait en faire des crèches vivantes. Les rois mages enturbannés faciles à trouver dans les parages viendraient avec leurs dromadaires chargés de l’encens du coin. La plus grosse difficulté, pas la moindre, serait de trouver une vierge parturiente, mais ça, ça ne tient pas à l’endroit lol… Le Djebel Samhan est un vaste plateau qui encercle la vallée côtière et se termine sur un à-pic de 1.000 m. Le panorama y est incroyable. Je reconnais Mirbat au loin.

Là y vit le léopard d’Arabie, son habitat est préservé. En voie d’extinction. Voilà, à force d’avoir confectionné des slips pour séduire des belles, y’a plus de léopard !!!

Retour à Mirbat, où, je ne sais pas pourquoi, je fais le tour en voiture à 15 à l’heure, fenêtres ouvertes, comme si je visitais mon domaine. La mer à droite, son centre de plongée, ses bancs de sable entre les rochers où des campeurs semblent s’être fixés, et puis à gauche des propriétés posées ici où là, toujours des constructions rectangulaires comme des assemblages de lego, la forme finale dépendant du nombre de briques qu’on avait dans la boîte. Les propriétés sont entourées de hauts murs de protection (contre les léopards d’Arabie ?) très proches des murs des maisons, on ne fait pas dans le jardinage par ici.

A Salalah, l’environnement de mon hôtel ressemble à une cité, constructions et terrains vagues secs et sans végétation en guise de parkings. Chaque immeuble, 10 étages maximum, pas de démesure à Oman, ressemble à une grosse morille carrée. En effet, le rdc et le premier étage sont en général en retrait du reste, pour avoir de l’ombre quand le soleil est au zénith peut-être. Pas non plus d’effet de couleurs, on donne dans le camaïeu de blanc à sable. Tout se confond.


J’ai plein de restaurants à disposition, belle diversité qui évite de manger toujours la même chose, et c’est plutôt pas mal car je pars un certain temps. Indien (je préconise le Art of spice bien que le fond musical, jazz mou et variétoche musicale d’avion, soit à chier, mais le contenu de l’assiette est whaooooh. Libanais, pakistanais, chinois aussi. Je me suis régalé chaque soir, pour 2 à 3 ryals (5-8 €).


5ème jour : La route d’Ayoon, 40 kms au nord de Salalah, est somptueuse. Il faut prendre celle qui est un petit peu à gauche sur la carte (donc forcer le GPS) et on reviendra par celle qui est un petit peu plus à droite ! On grimpe d’abord au sommet d’un haut plateau calcaire. Ce côté semble ne pas recevoir la mousson bienfaitrice, pas un arbre, du caillou blanc à perte de vue. Personne à l’horizon, et c’est une longue balade (je roule lentement) au milieu d’une immensité superbe, quelques enclos vides sont abandonnés ici ou là. Ils sont faits de branchages, pneus, palettes, tôles, bidons et bâches certainement pour le rassemblement des bêtes, mais lesquelles et quand ?

Ayoon, au bout de nulle part, est une (très) petite ville morte, où sont les gens ?, je ne trouve pas les bassins qui étaient le but de mon excursion, mais pas grave, ils doivent être secs en cette saison et la balade valait vraiment le coup.

En bord de route, pour peu qu’il y ait une population et un peu de trafic, on trouve des concentrations de boutiques alignées en façade représentant chacune un corps de métier : invariablement restaurant, coffee shop, laverie, tailleur, coiffeur et petit supermarché. Devant les coffee shops, les voitures pressées klaxonnent, le serveur se précipite, prend la commande et revient avec les boissons et nourritures demandées. Moi je m’installe, un café et un burger de poulet ce midi.

Plus loin, c’est Ain Razat, site comme souvent très bien aménagé, c’est un ensemble de bassins recueillant l’eau des collines. Il fait le bonheur des nénuphars, des oiseaux et papillons. J’y termine un chapitre de mon book. En Inde, un endroit comme celui-là serait bondé 7 jours sur 7, bruyant, sale et plein de boutiques à merdouilles. Ici c’est Oman, autre chose, calme, aujourd’hui personne que moi ou à peu près. Il doit bien y avoir du monde parfois, le weekend sans doute, les omanais aiment bien se balader, aller pique-niquer.

Retour à la ville, je vais au Salalah Gardens Mall, galerie commerciale chicosse avec un Carrefour (plusieurs implantations à Oman, en concurrence avec les hypermarchés Lulu). J’adore. Quelques achats de base. Horreur, ils vendent une tente (de camping) à 4 ryals (9 €). Si j’avais su, je ne me serais pas chargé de ma tente Décathlon à 22€ lol.

Et enfin, l’ultime plongeon à l’Oasis Beach. Oh Bonne mer qui êtes si bleu, procurez-nous notre bain quotidien… if you please. La vie est dure !


Je quitte Salalah demain. Conclusion de ces 5 journées pleines, j’ai véritablement apprécié mes déambulations tranquilles, à l’est, à l’ouest. Bonne entrée en matière omanaise. Les repères se prennent facilement. Il me semble que ce voyage sera assez solitaire. Les voyageurs sont absents, en couple et âgés, ou en groupe, en tout cas dans cette partie reculée du sultanat. Quant aux omanais, ils sont indifférents et gentils si on les sollicite. Je ne suis pas une bête curieuse, c’est déjà ça.

Portez-vous…