A Oman, la conduite est à gauche, donc on roule à droite. Comme en France quoi 😊


Et voilà la question perfide (que l’on croit), celle de l’apéro… « Mais pourquoi Oman ? »

Mon premier « vrai » voyage hors Europe et US fut avec ma sœur Nathalie et son mec, il y a… pfouffff

C’était Djibouti et une incursion d’une semaine au Yémen (du Nord à cette époque, les 2 Yémen n’étaient pas encore réunifiés). Ce pays (totalement bluffant) m’avait totalement bluffé (normal donc). Outre que j’y ai appris la notion de voyage, quelque peu éloignée de celle du tourisme, l’exotisme était parfait, les repères totalement chamboulés, j’ai vraiment aimé. Le Yémen sera peut-être à nouveau ouvert un jour, mais je serai probablement mort, et puis la guerre civile a bien dû faire de monstrueux ravages. Tant pis pour le Yémen ☹. L’Arabie Saoudite alors ? Bah, cautionner une dictature ne m’emballe pas, le pays est immense, pas sûr que le voyage solitaire y soit admis ou au moins aisé. Les autres émirats de la Péninsule arabique ? Bahreïn, Qatar, Dubaï, Abu Dhabi (et sans culotte, ha ha)… Sincèrement, je ne suis pas tenté par le bling bling, le shopping haut-de-gamme, les nantis du pétrole ont d’autres cibles que ma personne. Quant à Oman, j’aurai bien eu du mal jusqu’à il y a peu à le positionner correctement sur une carte.

Et puis l’an passé, à l’occasion de mon retour d’Asie, j’ai fait escale à Mascate, la capitale d’Oman, et les choses ont commencé à germer, et pourquoi pas commencer par là. Le recul de mon grand voyage, de l’automne à l’hiver, a rendu envisageable cette destination, cohérente avec la suite (mais chut !). Quelques blogs et lectures m’ont enthousiasmé. Et puis pas de temps à perdre, le pays développe son tourisme, c’est maintenant ou jamais, avant les hordes. Etablir une durée (3 semaines), un principe (road trip), une ébauche de circuit (par où commencer ?)… n’ont pas été si simples. C’est la haute saison, les températures sont supportables, on nous incite donc à réserver à l’avance, déjà un bout de liberté écorché. Cette pression me déstabilise. Alors je programme le début et me fixe une fin. Alléluia ! ou Inch Allah !


Outre mon caleçon de rechange, mes 2 t-shirts au cas où, et le reste, j’emporte dans mon sac une petite tente achetée 22€ chez Decathlon, j’y passerai bien quelques nuits, les hébergements ne semblant pas donnés dans la région pour le voyageur au long-cours que je prétends être. Mon défi, plus qu’ailleurs (où cela va de soi), sera de tenir un budget serré mais sans me priver (adeptes du macronisme, réveillez-vous loooool). Et puis une expérience de nuit solo dans le désert à la merci des scorpions, serpents de sable, rats à queue verte et autres bestioles sauvageonnes me tente assez. Si ce n’est la tente (pas encore), le décor, lui, est planté. Une petite lampe pour voir la nuit et un matelas fin, léger et gonflable. Je verrai sur place ce qui sera nécessaire, mais je ne suis pas parti pour m’encombrer inutilement non plus et me transformer en as du camping sauvage… J’ai aussi acquis une gourde filtrante (sur Amazon arghhhh). Il me semble avoir lu que l’eau du robinet est potable dans les principales villes, donc au moins pas ailleurs et en tout cas ça m’évitera de trop ach(j)eter de bouteilles plastique. Pour l’instant ça marche très bien.

Question applis, qui deviennent incontournables, j’ai whatsapp pour discuter avec mon lardon (pour l’instant, pour les messages écrits ça va, mais pour les conversations audio et visio, ça coince arghhh), N26 ma nouvelle banque en ligne sans frais ou quasiment (et surtout bien plus facile que la traditionnelle, j’ai déjà expérimenté un rejet en DAB de la tradi alors que c’était fingers in the nose avec la N26 !), et puis aussi Map.Me, très précieuse pour les orientations (je n’ai pas de carte papier, et c’est assez dépassé. Mais j’aimerais bien en trouver une quand même, j’aime bien voir l’ensemble des choses 😊). Rentalcars et Booking complètent l’ensemble. On est loin de mon premier voyage au Yémen mdr. A l’aéroport de Salalah, je prends une carte sim Omantel (14€ pour un mois et 3GB, sinon c’est 7€ pour 1 semaine et 2GB), à moi la 4G !


J’ai opté pour un aller direct vers Salalah, capitale du Dhofar. Je regrette de ne pas remonter tranquilou en voiture vers le nord, mais l’abandon de voiture ailleurs qu’à Salalah aurait doublé le prix de location. La raison l’emporte donc. Je rencontre plusieurs couples, 4X4 ou camping-car chargé, il font visiblement un road trip total. Ce matin un groupe véhicules s’est installé en bordure de la plage de Salalah. Les femmes faisaient bronzette en bikini sur des transats. C’est pas trop top tout de même !


La particularité du Dhofar est de recevoir une mousson annuelle, le kharif, de mai à septembre. A cette période, il bruine, il pleut, ça souffle et la nature verdit. La baignade est dangereuse (courants), du moins c’est ce qu’indiquent les panneaux, et les arbres à encens y trouvent leur compte (le Dhofar est une des seules régions du monde à produire de l’encens, qui est une résine de l’arbre, un peu comme le caoutchouc). Les chauvins du coin disent que c’est ici le meilleur, en tout cas mieux que celui du Yémen voisin. Il en existe plusieurs variétés. D’ailleurs, le musée de l’encens (très bien et nickel propre) présente un plan relief d’Oman. Il montre très bien l’enclave de Salalah et ses environs, un arc de cercle côtier de plaine entouré d’une barrière de montagnes abruptes. Raison de son microclimat sans doute. La meilleure saison pour visiter le Dhofar serait donc fin septembre – octobre, les pluies ont cessé, la nature est verdoyante, les températures commencent à baisser et les oiseaux gazouillent dans les prés ! C’est aussi le moment où les émiratis viennent en masse voir une nature naturellement verte…


1er jour : je suis parti vers l’est, Taqah, Wadi Darbat jusqu’à Mirbat, je l’ai évoqué lors du précédent post.


2ème jour : c’est une bonne solution de se baser à Salalah et de rayonner chaque jour. La ville est agréable, n’a pas des milliards de choses à voir, elle est parfaite pour prendre l’ambiance, son temps et son pied ! Aujourd’hui, objectif ouest, towards le Yémen. Ce dernier est à 120 kms. Pas question pour les étrangers d’aller se perdre par là, de toutes façons, qui a envie de devenir un otage oublié ?

Je repère le petit port de pêche de Wadi Nar. Les oiseaux du matin, en bandes serrées, font face au vent. Habitués aux hommes, il n’est cependant question de les approcher.

Les barques, disposées sur la plage, sont classiques et standards, en résine, cerclées de bleu ciel. Pas de fioritures, comme cela semble être de règle à Oman, dont l’Islam prône l’austérité… J’y reviendrai. Pour mettre les barques à l’eau, pas de gêne, c’est un 4X4 qui pousse, idem pour sortir de l’eau, il tire. La rive est très propre, ce qui étonne lorsqu’on connaît les plages de pêcheurs en Asie, l’Islam encore et certainement un mélange d’éducation et de répression. Wadi Nar fait face au gros port  de commerce de Salalah (ouais ouais, moi aussi je balance mon gros port !). Bizarrement coincé en arrière du gros port, se trouve l’Oasis Club, restaurant bien côté où on peu boire de la bière. Je pars à sa recherche pour un repérage éventuel et découvre en contrebas la très jolie et préservée Oasis Beach (sans ombre). J’y dérange un jeune couple qui y a planté la tente pour la nuit. Ils sont en vélo ! L’eau est limpide et un peu fraîche, et que c’est bon !!!

C’est pas le tout de lézarder au soleil, je pousse plus loin direction Maghsail, toujours sur la côte. La route est très belle, l’environnement rocailleux, arrêt café, je bifurque sur une piste à gauche, on doit bien pouvoir trouver la mer quelque part… Les pistes se croisent, bien mémoriser pour le retour. Je me retrouve au milieu de nulle part, c’est très jouissif. Quelques panneaux demandent de laisser Oman propre. Qui aurait envie de souiller ici ? Je trace encore un peu jusqu’au bord de la falaise, la mer est là, bien en contrebas, une grande plage s’étire à mes pieds, blanche comme il se doit, bordée de tous côtés par les falaises. Inaccessible en voiture, et c’est très bien comme ça. J’ai trouvé mon graal. Je pense qu’il s’agissait d’Eftaqout area.

Et puis plus loin, de retour au ras de l’eau, voici la longue et blanche plage de Maghsail. Comme d’habitude, quelques petits kiosques ouverts et couverts sont parsemés sur son long pour l’abri (côtier 😊) des familles. Quelques pêcheurs souriants et des dromadaires dédaigneux. L’attraction du lieu est le Marneef cave, trous naturels dans la roche en hauteur, comme des puits creusés à la verticale, provoquant des petits geysers évacuant l’eau des fortes vagues piégées par la falaise. Ca doit être spectaculaire les jours de tempête ou lors du kharif. Moi je n’ai droit qu’à un geyserinouchet. Un houmous fera mon affaire au petit restaurant idéalement situé à l’entrée du site. Je tente le arabic kahwa, c’est un café épais aromatisé de cardamome, cannelle et gingembre. J’y mets beaucoup de sucre pour le trouver buvable.


Et je continue. La route monte d’un coup, c’est la fin de l’arc de cercle de plaine. On l’appelle la furious road, prouesse technique pour installer les nombreux lacets. Les paysages sont grandioses. Ce doit être encore plus magnifique avec le wadi en eau et la verdure apportée par la mousson. Je snobe la piste à gauche qui mène à la Fisayah Beach. Il s’agit d’une longue descente abrupte de 6 kms non bitumée. Galère pour ma petite berline automatique… Bientôt un check point Charlie. Les militaires, un peu débonnaires, arrêtent tous les véhicules, en fouillent quelques-uns. Je n’échappe pas à la règle et m’apprête à rebrousser chemin, mais, après avoir noté sur un registre mes informations de passeport et de voiture, on me laisse passer. J’ai pris de l’altitude et la température a vite diminué (20° au tableau de bord). Il n’y a plus rien sur ce plateau, quelques chameaux. Un panneau marqué « Shaat » (pour la chance ? lol) indique la gauche à quelques kilomètres. J’en ferai mon but ultime. Je réalise soudain que sur un petit périmètre, c’est tout vert, le bétail est nombreux, les vaches, en conciliabule au milieu de la petite route, bien grasses. Etonnant ! Le bord de la falaise est proche, la mer est immense…

Retour à la case départ, le panneau de la route principale indique Salalah à 75 kms. Le problème avec la voiture, c’est qu’on fait plus de voiture que d’arrêt aux endroits où la voiture vous a conduits. En l’occurrence aujourd’hui, l’intérêt était aussi dans le paysage sur la route.


Intermède…

Si dans la rue on te lance « Sam a les loukoums », quel réflexe adopter. On peut toujours répondre avec bienveillance « Ah ben tant mieux pour lui », avec impatience « Ah quand même, on peut y aller alors » ou « c’est pas trop tôt », avec condescendance "Que pouvait-on espérer de plus pour Sam ?", avec intérêt « Ah super, ça pas été trop dur à obtenir ? » ou encore avec inquiétude « Oulala, et c’est grave d’avoir les loukoums ? ». En fait, en langage du coin, il faut répondre « Ah les loukoums, ça lame ». Allez comprendre 😊

En fait on me lance plutôt des « Hi » ou des « Hello » suivi d’un « How are you », etc.


3ème jour : je laisse Titine au repos ce matin et programme une visite à pieds de Salalah. D’abord la grande mosquée qui est aux pieds de l’hôtel. C’est la mosquée Qabous. Le sultan qui vient de casser sa pipe. Aux rênes du pays depuis 50 ans, il n’a pas trouvé le moyen de trouver femme et assurer sa descendance. Son portrait est partout et il avait plutôt bonne figure. Et quand on est sultan, on a tout ce qu’on veut, y compris plusieurs femmes, ou alors ce n'est pas la peine d'être sultan,, n'est-ce pas ? Il devait donc être h…, personne le dit, et chut, c’est absolument interdit dans toute la péninsule arabique ! Bref, ni femme, ni fils, ni fille, mais il devait aimer sa maman puisqu’elle était de Salalah et qu’il y a fait construire cette mosquée. Elle est majestueuse et sobre, respire le calme, les jours de prière, lorsqu’elle est pleine, ce doit être impressionnant. Deux cars pleins de touristes allemands m’ont devancé. Non que ce soit très gênant vue l’ampleur du lieu, je reviendrai quand même demain plus tôt, nous sommes voisins. Face à la mosquée, une boutique « Top Souvenirs », on me croit allemand. Je dis « Guten Tag » mais aussi que je suis « frensi ». Le vendeur éclaire son regard et dit que c’est « better ». En voilà un qui ne perd pas son nord commercial en me flattant ! Comme d’habitude tout ou presque est moche. Je demande le prix d’un petit éléphant plutôt pas mal. Conciliabules entre plusieurs vendeurs que je traduis par « De combien va-t-on l’arnaquer ? ». La sentence est de 17 ryals (40 €). Ils ont dû me prendre pour le fils naturel du sultan ! Et pour cette écharpe ? Re-conciliabules… 6 ryals (15 €). Bon ben merci beaucoup et bonjour chez vous. « How much do you want to pay ? » Trop tard et personne ne les a informé que je devais réaliser des prouesses budgétaires lol.


Je vais prendre mon café matinal à un coffee-shop. Attention, il y a inflation lopante dans le prix du café : 100 baisas avant-hier (0,23 €), 200 baisas hier, 300 baisas (0,70 €) aujourd’hui ! N’y aurait-il pas une question de figure du client et d’humeur de la geisha ? Je demande à un type beau, buriné et enturbanné si je peux m’asseoir à côté de lui. Pas de souci mais il continue à se couper les ongles…

Il y a des boutiques partout, on trouve tout à la Salalahritaine. Je vais me rafraîchir au rayon surgelé d’un supermarché. Les rayons de soin et de beauté sont immenses. L’omanais est propre sur lui (sous lui aussi sans doute). Les grandes marques mondiales sont présentes ici comme chez nous et leur pays d’origine. Ca ça me fait bien peur. Même Bonne Maman s’achalande dans les placards omanais. Le riz se vend par sacs de 35 kilos. Pour les volumes moindres, ce sont aussi de petits sacs, c’est plus joli que les boîtes en carton, mais bon, nos petits contenants de riz feraient bien ridicules ici !

Je traverse les bananeraies et palmeraies qui font le tampon entre la ville et la plage. Quelques élevages de poules et on entend meugler les vaches. Il commence à faire très chaud. La plage immense apparaît, plus blanche qu’une patinoire, aveuglante et déserte. J’y trempe les orteils et revient m’assombrir sous les quelques palmiers perdus dans l’immensité.

Une petite salade dans un resto avec un coca tout de même (350 baisas – 0,80 €) feront mon déjeuner et retour vers l’hôtel qui me paraît loin du coup. Un type en voiture s’arrête et me baragouine quelques sons incompréhensibles. C’est Fahrad qui vient de tomber amoureux de moi. Je monte dans la cage de Fahrad ;) et le remercie de me ramener en ville. Il tient absolument à connaître le nom de mon hôtel puis me propose de me montrer sa maison. Ah mais Fahrad, jamais le premier jour ! Bon bref, c’était super gentil, ça m’a bien approché et c’était surtout dans l’unique intérêt de rendre service…


Titine vrombit et m’amène à l’Oasis Beach pour prendre mon bain de mer quotidien. Cette fois-ci encore, pas un chameau à l’horizon. La mer est calme et transparente. Je me prélasse un bon moment. Puis direction Ayn Jarziz, au nord de la ville, ensemble de bassins où on peut soi-disant se baigner (dixit un blog). De l’eau, il y en a peut-être en période de mousson. Là ça vaut pas tripette…

Retour à l’hôtel pour glander jusqu’à ce que ça se rafraîchisse dehors et redépart pour le parc archéologique Al Belid et les ruines (tas de pierres) d’une importante cité du XIème siècle, situé en bord de plage, tout au bout à l’est. Impérativement visiter en fin de journée quand la lumière est belle et chaude et que la température abaisse ses degrés. C’est en fait une grande balade pavée agréable au calme (si pour autant on avait besoin de calme dans le Dhofar !), les paresseux peuvent même visiter en golfette. Les familles viennent s’y promener, l’homme est toujours 2 mètres devant sa tribu.

Le musée de l’encens contigu est très très bien, super soigné et propre, d’excellentes présentations sur le commerce maritime omanais au cours des siècles, les bateaux et l’encens.