Jusqu’au 16ème siècle, une dynastie (appelons-là Lambda) régnait sans partage sur Oman, simplement affaiblie de façon récurrente par quelques velléités tribales. Celles-ci demandaient la retraite à 25 ans et demi pour tous, la carte Boutrigo gratuite et l’allocation annuelle d’un séjour en club Marmara Izmir pour toutes les personnes méritantes, sans que jamais la notion de mérite n’ait pu être établie avec précision. Parmi les sujets de discorde, il y avait le tracé de la transbédouine qui revenait tous les 5 ou 6 ans et qui suscitait les rancœurs. Certains voulaient l’interrompre au plus vite parce que la construction était pénible. Le Premier Vizir, Anouar Bin Filip, à la barbe bien taillée, Faidait le forcing, comme à son habitude butée, pour qu’elle aille au-delà du village Pivaw, contrairement à ce que le Grand Sultan Hemal Nouel Bin Macroun avait certifié et craché trois fois par terre en signe de décision. Mais le Sultan n’étant plus guère écouté par ses vizirs, ni considéré par son peuple, se contentait de blablas et d’arabesques que lui seul prenait au sérieux. Devant le tollé général, on parla plutôt du village Eqilib, mais il s’avéra bientôt que Aj-Pivaw et Aj-Eqilib étaient le même lieu, appelé différemment par les tribus. Palabres et salamalèques allèrent plutôt dans le sens du blocage que de la contestation et le tracé fut bientôt émaillé de multiples traverses pour adoucir les contestations. Oman était une puissance navale prospère (et youplaboum), particulièrement bien placée sur l’océan indien. Les portugais s’inquiétèrent de cette suprématie qui risquait de nuire à son commerce d’azulejos et de porto sec. « Mas quem sao esses macacos brancos ? » qu’ils disaient en levant les bras au ciel invoquant la bonne mère et la vierge de Guimaraes. Ni une ni deux, ils mirent bon ordre à leur propre prospérité commerciale en occupant les ports de la côte de Mascate, de Sour à Sohar, à moins que ce ne soit le contraire. « C’est ici chez nous, bandes de bougnoules » relatait d’ailleurs le Ichi Pariche au tirage de 5 heures. Et cela dura presque autant que le Douro, 150 ans. Mais comme le portugais, qui est gai mais pas toujours très malin et peu enclin au tourisme, n’avait pas trouvé goût à aller voir ce qu’il se passait dans les terres, restant sur la côte à se la couler douce à la plage en sirotant des mojitos à base de Porto, il ne fut guère compliqué, un soir de beuverie, de le déloger. « Retourne chez toi, fils de maçon, et rends gloire au tout-puissant Mohamed » crièrent les autochtones qui n’avaient pas envie de rire, eux, en éructant des Allah Akbar et des Zinechallas en veux-tu en voilà. C’est certainement pour cette raison que je suis à la diète alcoolique depuis le début de mon séjour !!!

Alors voilà comment Oman redevint un état unifié jusqu’au 19ème siècle, étendant sa belle culture et rassemblant d’importantes richesses sur les côtes africaines, dont Zanzibar, plaque incontournable et de l’autre côté au Pakistan actuel. A ces époques et dans ces parages, prospérité rime avec trafic d’esclaves et d’armes. « Oh my God, I’m not very happy du tout du tout » dirent alors les britanniques qui s’intéressaient à leur Empire et à sa probité (mon œil). « Give it up ! », et effectivement les omanais stoppèrent tout cela, aidés par une fracture en deux morceaux de leur empire à eux. L’Afrique et le reste. Le reste, privé de ses ressources africaines, s’affaiblit. En un siècle, il devint si pauvre qu’il serait heureux de se nourrir de pain sec et de quelques graines de sésame. En 1938, le sultan, père du précédent (celui qui vient de mourir), appelons-le Bêta, ne fit rien pour arranger les choses. Il opéra un repli, versa dans l’isolationnisme et, au contraire de ses voisins pétrolifères, conduit son pays dans la pauvreté et l’oubli. Les taux rapportés d’analphabétisme et de mortalité infantile devinrent si ahurissants que cela me mettrait mal à l’aise de vous les soumettre. Un islam rigoureux, contraire à toute modernisation et bien-être des gens, contribua à cet état de sable.

Et puis Zorro Qabous est arrivé. Fils de son père qu’il renversa, il prit la position de sultan. D’ailleurs quelle différence entre un sultan et un émir ? Le sultan est émérite et l’émir insultant ? Et puis le vizir ? le calife ? le shah ? l’emmanuel ????

Donc, Sultan fils, Qabous, a pris le pouvoir pour un bail de 50 ans non renouvelable, et dont on ne peut que reconnaître la Renaissance qu’il apporta à son pays. A son arrivée, 10 kms de routes sont bitumées dans tout le pays, il n’y a pas d’université ni d’hôpitaux véritables… Ces marqueurs sont aujourd’hui largement retournés. Et il a bien fait attention, le bougre, à mener un développement maîtrisé, en conjuguant tradition et modernité. Le pétrole et le gaz, ça aide, mais moins que les voisins, le pays est plus vaste à s’occuper et la population plus importante à nourrir. La population est parfaitement éduquée aujourd’hui, le défi est le lui trouver de l’emploi, car pas question de se reposer sur ses lauriers tressés en or noir. Quand le cours du pétrole baisse, comme ces dernières années, forcément les revenus diminuent et le peuple à Quabous s’enrhume. Le maître mot est alors la diversification de l’économie. Le développement du tourisme est une voie. Voilà ce que l’histoire dit de ce qu’Oman est aujourd’hui…


Sortie de bateau depuis Masirah, je m’arrache à la mer que je ne verrai pas pendant quelques jours.

Sur le bateau, la télé présente un montage de différentes apparitions du sultan Qabous qui vient de mourir. Poignées de mains avec différentes personnalités politiques, inaugurations. Un vrai défilé de mode, turbans assortis aux costumes du moment, mieux qu’Elisabeth. Il y paraît toujours calme, raffiné et élégant, rêveur aussi. Sans faire d’analyse de genre primaire, et au vu de ces images, ni femme ni descendant est parfaitement plausible.

Je remonte vers le nord, je modifie ma destination, ce sera Nizwa, pour pouvoir assister au marché aux bestiaux (chèvres principalement) qui se tient tous les vendredis matins. 5 heures de route au total. Durant 200 kms, c’est tout droit, tout plat, tout rien autour, que la ligne d’horizon à 360 degrés. La route est récente et excellente, un peu surmontée afin de ne pas être envahie par le sable, comme l’est partiellement l’ancienne petite route parallèle en contrebas. Parfois néanmoins, des agglomérats de sable se plantent au milieu de la route. Ca maintient en vigilance car c’est assez monotone. Alors je chante, parfois à tue-tête, Nougaro pas mal, Lavilliers, Chantal Goya, C Jérôme et Deep Purple, que des trucs bien 😉

Je vis ce voyage un peu au jour le jour, je ne m’encombre pas de lectures de guide et plans à moyen terme car j’oublierai. Il y a un canevas qui a l’avantage de bouger facilement. L’avantage du temps qu’on a est qu’on n’a pas à se préoccuper du temps qu’on n’a plus ! Ni de temps qu’on pourrait perdre, cette notion est hors propos. Au contraire, je m’astreins à ne pas me presser. Inch Allah ! Et ce n’est pas si fastoche, ça exige une certaine concentration doublée d’une redoutable décontraction, mettez tout ça dans un mixer et comptez jusqu’à trois. De ce fait, ayant bien lambiné, je vais rester plus longtemps que prévu à Oman. J’avais plus ou moins pressenti de rester 3 semaines dans le sultanat, mais au rythme où je vais, et comme ça me plaît plutôt pas mal, je vais utiliser la durée maximale du visa, soit un mois. Je viens de changer mon billet de départ…

Et donc comme je n’avais pas prévu Nizwa (Z’avez pas vu Nizwa ? Ah celle-là je la chante souvent 😊), je suis très agréablement surpris lorsque j’y arrive. Ancienne capitale, la vieille ville est un bijou de maisons plusieurs fois centenaires, en torchis. Le quartier est en rénovation, et s’ils aboutissent, ce sera un bel écrin. Quand elles sont décidées, les choses sont très bien faites à Oman (il y a les moyens). Les restaurations patrimoniales sont bien exécutées, c’est joli et sobre, ça paraît d’ailleurs presque neuf. Je descends à l’Antique Inn, en plein cœur de la vieille ville, à deux pas du fort (qui est très bien) et du souk. Pas mal de touristes. Je prends la dernière chambre dispo, micro pièce avec micro salle de bains commune. 21 omr (49€), c’est un peu cher pour la prestation, mais ça paye amplement le charme, la terrasse, l’incroyable petit déjeuner buffet, la proximité, le calme… Au parking, ma voiture fait minable au milieu de tous ces SUV et autres 4X4 qui la regardent avec arrogance. Je sens bien qu’elle souffre de son infériorité ma petite Susuki, elle est si jeune, à peine 30.000 kms au compteur. Un tour en ville et dans les souks qui sont plutôt des marchés couverts bien aseptisés, c’est pas l’Inde ici !

Levé de bon matin, 6h30, pour le marché aux chèvres qui se trouve à côté du souk. Les chèvres ont été lavées et bouchonnées, leurs très longs poils peignés comme si elles allaient à la présentation du Concours Général Agricole ! Je ne sais pas très bien ce que peuvent penser ces chèvres qu’on malmène, parque et échange, au milieu de cet attroupement d’hommes. Quelques femmes sont présentes, à compter sur les doigts d’une main, elles portent un curieux masque pointu (et qui ne doit pas être très agréable à porter), nous voilà au Carnaval de Venise. Et puis il y a les touristes, nombreux, à l’affût photographique. Pour ma part, j’arrête les images quand il devient très difficile de ne pas avoir de blanc-bec dans l’objectif. Je fais quelques beaux portraits. Je m’installe, ne bouge pas, je regarde et je shoote.

C’est vendredi, les forts du coin ferment à 11 heures, je me presse un peu. Je vais d’abord au château de Jabrin (du 17ème siècle) à une trentaine de kms, grand et magnifique, superbement restauré, l’enduit est si lisse qu’on croirait le château construit l’année dernière. Comparativement à d’autres en général vides, celui-ci est très bien meublé. C’est un enchevêtrement de pièces à n’en plus finir, on peut se perdre. J’accélère mon mouvement pour me rendre au fort de Bahla, à 7 ou 8 kms de là. Sous la pression touristique, ils ont étendu les horaires du vendredi, j’ai donc finalement tout mon temps. Ce fort, très vaste, a lui aussi été restauré, mais différemment. Le torchis reste bien visible (ou a été refait), sans enduit de surface. Ça lui donne un aspect plus brut. En contrebas du château, la vieille ville s’effondre, vont-ils raser ou restaurer/rebâtir ? Suspense… Toujours ce débat entre rénover pour entretenir… Rénover pour l’unique attrait touristique ? Efficacité économique ? Bref…


Je monte jusqu’au village de Misfat, l’un des seuls atteignables en berline dans le Djebel Shams (point culminant 3.000 mètres). Les habitants du village acceptent les visiteurs à condition 1) qu’ils se garent à l’extérieur 2) qu’ils soient respectueux. Cela veut dire jambes et épaules couvertes pour tout le monde. Alors moi je ne savais pas, on ne m’a rien dit, je suis en bermuda, et comme il est un peu long, j’arrive à couvrir mes genoux en le mettant en taille basse. Et je remonte au maximum mes chaussettes (ouf, j’avais mes chaussures de rando dans le coffre) ce qui fait qu’il me reste seulement 20 cms de mollets visibles (et ils sont plutôt pas mal mes mollets). Si on me demande d’où je viens, comme fréquemment, je dirais que je suis soit polonais ou un troupeau de vaches, sinon le mythe de l’élégance à la française en prendrait un coup ! De toutes façons, je crois bien n’avoir rencontré que des visiteurs (omanais ou étrangers), les habitants se sont cloitrés. Très beau village qui utilise le wadi pour irriguer ses plantations. C’est pour le coup très vert avec des palmiers pour l’ombre, au milieu des montagnes particulièrement rocheuses. Belle balade le long des canaux d’irrigation. Au retour, j’embarque un vieux jusqu’à la mosquée, j’exporte le service « Age d’or » 😊

Il y a un camping à Misfat (2€ si on a sa tente, sinon location 5€). Ah zut alors, si j’avais su, ça aurait été chouette et évité l’hôtel sans charme où je suis à Al Hamra dans la vallée.

Journée des causes perdues avec Ibra où je cherche sans relâche la vieille ville à l’abandon. Je l’aurai, je l’aurai… et je l’obtiens. Pour cela je traverse un wadi à sec, je roule dans des ruelles étroites où il est interdit de se croiser, j’aboutis à un cul de sac, j’opère une savante et longue marche arrière… Les gens me disent « How are you ? ». Dans ce pays on se préoccupe de ta santé avant de te dire Bonjour. Je finis par trouver l’endroit, ça mérite une marche à pieds, j’ai la flemme. Beaucoup de maisons sont à l’abandon. La couleur est très belle le soir. On pourrait faire une cagnotte « Save old Ibra » pour restaurer l’ensemble. Ca serait très joli, ça attirerait les touristes, doperait le commerce local, quelques casinos s’implanteraient, l’alcool circulerait sous les djellabas, des bars à loukoums aussi. Moi je dis ça… En même temps personne ne me demande d’analyse économique. Je pensais qu’Ibra serait touristique. PAS DU TOUT ! Il faudrait que je me renseigne un peu avant de venir maintenant…

Pour mon petit déjeuner de demain, j’achète un paquet de Figolus, version fourré à la pâte de dattes. Etouffe-mécréant ce bazar.


A Oman, il y a une chaîne de magasins qui promet tout à moins de 2 omr. De quoi monter son ménage à bon compte. Ce sont des grandes surfaces sans chichi mais organisées malgré tout par rayons, vaisselle, bricolage, papèterie, cadeaux, merdouilles, horreurs… Sur les côtés, les produits sont disposés sur des étagères. Sur la surface libre centrale, ils le sont sur de grandes tables alignées. Les grands cartons qui ont été nécessaires à l’importation des produits se trouvent sous les tables afin de réachalander. Made in China, made in China, made in China… qu’il y a d’écrit dessus. Je suis effondré !

L’autre chef d’œuvre en ruines est le vieux village d’Al Mudayrib, pas très loin, mais il faut comprendre la nouvelle expressway qui coupe le paysage en deux, pour y accéder. Là encore, de très beaux bâtiments à l’abandon. Et sans entretien, ce patrimoine de briques et de torchis s’abîme vite. Les pluies ne sont heureusement pas si nombreuses. Ce genre d’endroits à restaurer doit être assez fréquent à Oman.


Poussant plus loin encore, j’entre dans les Sharqiya Sands par l’est à la recherche d’un camp de désert moins cher que les autres pour voir la possibilité de me faire emmener plus loin dans les dunes et y piquer ma tente. Je m’engage, mais la piste commence à devenir sablonneuse et le camp est annoncé un bon kilomètre plus loin. Sagement j’arrête Titine et continue à pieds, espérant que mon navigateur va trouver le chemin entre les dunes. Elles se ressemblent toutes, il ne s’agirait pas de se perdre ! Je ne trouve pas mon camp, mais je tombe sur un autre, certainement hors de prix, en tout cas fermé aujourd’hui pour désablage ?  2 gardiens, évidemment bengladais, perdus tout seuls pendant des mois à faire des châteaux de sable, m’accueillent. Je refais le coup de Dacca, Cox Bazar et Chittagong. J’agrémente maintenant l’histoire de mon arrivée au Bengladesh depuis Kolkata en bus, ma première ville abordée étant Jagore. J’ai le souvenir d’y avoir eu une chiasse mémorable, liquide et incontrôlable, donc particulièrement gênante. Je fais grâce à mes interlocuteurs de ce dernier détail. Ils sont ravis encore que je leur parle du pays, on papote, ils m’offrent un café, mais ne peuvent rien pour moi. Je retourne à Titine et poursuit jusqu’à Bidihya. Il paraît qu’il y a plein de rabatteurs à Bidiya, prompts à survendre un transfert dans un camp, une ballade à dos de chameau ou un trip en 4X4 sur les dunes. On peut même, paraît-il, faire du ski sur les dunes. Je me mets en mode « j’admire-le-paysage-depuis-ma-voiture-en-ayant-l’air-de-rien-mais-je-montre-bien-que-je-suis-ouvert-à-toutes-propositions ». Je ne vois aucun rabatteur, si ce n’est Gaber qui me suit depuis un moment et vient me parler par la portière. Je lui explique que j’ai ma propre tente et que je veux aller au milieu des dunes passer la nuit. Il est d’accord. Combien ? – 35 ryals – ah non alors, c’est le prix d’une chambre en camp ça (tout petit camp quand même) – Combien tu donnes ? – 20 ryals… Tope là à 25 ryals. Ca me va et Gaber se paye bien aussi.

Comme j’ai le temps d’ici la fin de journée, je vais au Wadi Bani Khalid, un des plus beaux sites de wadi d’Oman, assez touristique comme en témoigne le grand parking. On y accède par une magnifique route dans les montagnes, on s’y sent tout petit. Le wadi prend sa source dans les parages et, après une petite marche dans les rochers on accède à une succession de petits bassins dans lesquels on peut se baigner. L’eau est merveilleusement transparente, bleue et chaude. A l’arrêt sur le bord, des petits poissons viennent picorer les peaux mortes. Fish spa gratuit ! Ca chatouille…


Gaber est à l’heure, il m’emmène pas bien loin dans son vieux Nissan tout pourri. Comme ce dernier ne peut pas grimper les hautes dunes, il me laisse aux pieds d’une (dune) et je monte tout mon barda. Fatigant de marcher (et monter) dans le sable mou. Je me trouve un coin où j’aurai l’impression d’être seul au monde. Je ne suis pas bien loin tout de même, j’entends même les rumeurs du bourg à quelques kilomètres. Je plante Tentine. Robinson Crusoe est prêt. Quelques dattes feront dîner. Le soleil déclinant donne de superbes couleurs au sable et, en accentuant les ombres, fait ressortir les formes et le relief. Je suis un peu obligé de piétiner ma zone, j’aurais aimé me poser sur une surface toute vierge… Et tout est si calme. Il fait nuit vite. A 18h30, le noir est complet. Pas d’autre choix que d’aller sous la tente. J’ai quelques heures à lire. Mon matelas tient en travers. Peu de temps après, le vent se lève, effets de la baisse de la température et la montée conséquente de courants d’air (mais je ne suis pas météorologue). Les rafales s’accentuent et je n’avais pas prévu cela du tout ! J’ai monté vite fait la Quechua made in Vietnam et les sardines ne sont pas bien longues pour le sable tout mou. Le double toit ne résiste pas bien longtemps et il s’envole. Bon. Là je sors, j’enfonce les sardines et recouvre la base de la tente d’un gros ourlet de sable afin que le vent ne s’engouffre pas dessous et ne me transforme en tapis volant. Je prie tous les dieux de la Terre, dans ces cas-là je ne suis pas trop regardant, pour que ça tienne et que ma tente entrée de gamme résiste à Eole. Le mieux est d’essayer de dormir, ça sera toujours ça de gagné en cas de coup dur. J’y arrive plus ou moins. Le fait de ne plus avoir de double-toit laisse passer les tout fins grains de sable par les aérations. J’ai les cheveux (ce qu’il en reste) et les crottes de nez plein de sable. Le vent et ses rafales durent 2 bonnes heures, puis ça se calme. Au milieu de la nuit, le silence est assourdissant, mais un autre élément a remplacé le blizzard : le froid ! Je n’ai qu’un sac à viande fin. Je suis tout habillé, mais j’ai oublié de prendre des chaussettes. Je me les suis pelé grave de la mort toute la nuit. Bref très peu dormi. Alors j’ai chanté à tue-tête… « Quand t’es dans le désert, depuis trop longtemps, Tu te d’mande à quoi ça sert… », repris mon book, avancé de quelques niveaux sur Candy Crush, boulotté des dattes (excellentes). Je suis même sorti voir le résultat de France-Angleterre car j’obtiens la 4G à 10 mètres de la tente (tu parles d’un éloignement aventureux !). Youpie, bravo les bleus…

Le petit jour monte vite, de nouvelles couleurs par rapport à celles d’hier soir. Le vent a complètement effacé mes traces de la veille. Il me semble même que d’autres formes de sable se sont créées autour de moi. Et la tente est trempée d’humidité. Ca non plus, je ne m’y attendais pas.

Gaber est à l’heure à notre rendez-vous, je glisse de la dune, bien plus facile dans ce sens-là. Gaber s’en fiche totalement de mon expérience, il a son argent, il a fait le job, Bonjour Bonsoir. Voilà une ligne de choses à faire que je peux donc barrer. A refaire ? C’est à voir… 😉