BIENVENUE A THESSALONIQUE

Le soleil est éclatant. Les derniers paysages au sol sont magnifiques, un peu de neige encore sur les reliefs, des damiers de cultures encore griffés et flous comme des tableaux d’impressionnistes, la mer auprès de la côte d’un camaïeu de bleus turquoise profond. La descente d’avion est rapide. L’aéroport n’est pas immense, cinq minutes après la sortie de l’avion, on est dehors. L’aéroport est à une dizaine de kms du centre-ville. Un bus pratique et pas cher (1,80 €) y mène. Un toutes les trente minutes environ. Il se remplit vite, c’est un peu la bousculade. La distanciation sociale est oubliée. Quelques arrêts où personne ne peut monter car personne ne descend. La route est quelconque. Je m’installe dans une travée, c’est presque tranquille. Une jolie fille devant moi m’empêche de voir le paysage. Les arrêts sont anonymes, je suis le trajet sur mon navigateur. Un type vient perturber notre équilibre d’encastrement précaire et me colle régulièrement avec mille excuses hypocrites à chaque fois. Il sort brusquement en exigeant qu’on ouvre la « porta ». Je descends enfin et palpe mes poches, on m’a piqué mon portefeuille dans ma poche à boutons pression. Carte de crédit, papiers et argent liquide partis avec la bousculade. Je suis content d’avoir fait des économies sur le trajet. Bienvenue à Thessalonique.

Dans mon autre poche à boutons pression, mon passeport est toujours là, avec mon autre carte de crédit et quelques euros. Au moins, je ne serai pas SDF affamé durant mon séjour. Je m’installe et part en ville. Le garde du premier commissariat où je veux faire une déclaration de vol, ne sait pas ce que je dois faire. Un policier de passage un peu plus futé me dirige vers un autre commissariat plus excentré. Le garde de l’autre commissariat a envie de parler. Il a la barbe longue impressionnante d’un motard buveur de bière américain. Français ? Vous ne seriez pas de Marseille ? L’OM a éliminé le PAOK, équipe locale, de la coupe d’Europe la veille. Ouf, je suis parisien tête de chien… Il me dit qu’il faut faire attention aux pickpockets (Merci pour ce conseil tardif !), qu'il y a des d’arabes. Le réflexe est le même partout. Il y a parfois de la fumée sans feu, mais bon. Les bureaux sont surchargés, je dois revenir dans deux heures. Je reviens deux heures après. Le garde, sur le départ de sa journée de travail, me reconnaît. 2ème étage. L’ascenseur est en panne, caricature d’une police sans moyens. L’escalier est étroit, poussiéreux, lumière blanche blafarde, mais d’un bleu éclatant. Personne. Une porte, j’entre. Toujours personne, des voix derrière une porte. Je cogne à la porte et l’entrouvre. On me demande d’attendre dans la petite salle d’attente, exigüe, qu’un dentiste ruiné ne voudrait pas pour ses patients. Un quart d’heure après, j’entends un Parakalo, on me demande d’entrer. La nana qui me reçoit ne parle pas français ni anglais. Et mon grec est pire que mon chinois. C’est une expérience. On a de la bonne volonté, on arrive à se comprendre, bien qu’on soit en fin de journée. Sur un des murs de ce tout petit bureau, une collection d’écussons de polices pour la plupart américaines, dans des cadres vitrés, occupe un grand espace. Dans le lot, je reconnais l’écusson de nos CRS, Police Nationale. Un peu de France pour me rassurer. Pour le reste, c’est encombré de vieux papelards. La nana inscrit mon nom, l’heure, le motif… sur un vieux registre de feuilles jaunies. Un flic qui passe dans le bureau lui traduit le nom de mes papiers volés. Et je dois donner le nom du père, de la mère, qui doivent bien rigoler, eux qui roupillent sous terre. Pourquoi pas le nom de mon fils et celui du Saint-Esprit… Je ressors avec un papier de déclaration de vol évidemment incompréhensible puisqu’écrit en grec (cyrillique). Avec ces conneries, sans permis de conduire, je ne pourrai pas louer de voiture.

PREMIERES IMPRESSIONS

Thessalonique est la deuxième ville de Grèce, 325.000 habitants, l’équivalent de Rennes. Tout comme le reste du pays, elle a subi la récente crise économique mais semble jeune, dynamique et pleine d'avenir. Grande ville sans être immense, elle se parcourt à pied. Un peu chaotique, un peu, pas trop, elle n’est pas sans charme, parfois pittoresque, dans chacun de ses quartiers que les générations successives ont polis. Ana Poli, justement, quartier du port, via Egnatia, nouveau front de mer… Un gigantesque incendie (1917) a ravagé les deux tiers de la ville, ce qui donne un ensemble architectural reconstruit assez quelconque. Les cafés et restaurants sont pléthores, la jeunesse s’accumule aux terrasses. On sent qu’on va bien manger. C’est important. Le grec revendique et aime le faire savoir, sur les murs par exemple. Le street art est partout, et le photographe s’amuse de ces représentations multiples plus proches de l’univers inquiétant d’Enki Bilal que de la guimauve Martine (à la plage ou ailleurs). Dans les grands magasins et tous les musées, il est demandé le passe vaccinal, ainsi qu’une pièce d’identité pour démasquer les filous, qui doivent être masqués comme les autres. On me l’a parfois demandé dans les restaurants, même en terrasse, où les serveurs portent le masque. Le masque (plutôt FFP2, mais le chirurgical passe) est obligatoire à l’intérieur. Ça paraît déjà loin tout ça pour nous… Les hurleurs grognons franchouillards devraient voyager un peu pour voir comment ça se passe ailleurs si j’y suis. Je loge dans un appartement (airbnb) de la rue Dialetti, au nord de la Tour Blanche, qui est l’emblème de la ville. Pratique, calme, spacieux, fonctionnel et confortable.

COURS DE RATTRAPAGE : HISTOIRE GEO

Thessalonique veut dire littéralement « Victoire des Thessaliens ». La Thessalie est une région située au nord d’Athènes jusqu’au Mont Olympe. Thessalonique est plus au nord encore, dans la Macédoine historique, dont une partie est un pays à part entière : la Macédoine du Nord à 80 kms. Thessalonique est nichée au fond d’une profonde baie, au nord de la mer Egée. A gauche, l’Albanie est à 200 kms, au nord la Macédoine du Nord donc, mais aussi la Bulgarie à 130 kms et à droite la Turquie à 350 kms. Idéal pour les trafics en tous genres, prostitution, etc.

Fondée au 4ème siècle avant Jean-Christophe, sous l’influence macédonienne, ça fait un bail. Intégrée à l’empire romain d’orient dont elle devient un pilier idéal des Balkans, lien entre les voies maritimes et terrestres. Attaquée par les Goths, les Slaves, les Sarrasins, les croisés et les gastéropodes à poil dur, elle s’est enrichie de cultures successives. Les juifs séfarades vinrent en nombre, chassés par l’inquisition espagnole. La ville devint ottomane au milieu du 15ème siècle jusqu’à l’effondrement de l’empire au début du 20ème et l’intégration de la région dans la Grèce en 1912 (la Grèce est un pays indépendant depuis 1830 après une guerre qui dura 8 ans). L’échange des populations en 1923 (les grecs installés en Turquie de retour en Grèce et les turcs de de la ville en boat people direction Izmir) a édulcoré le côté cosmopolite de Thessalonique. La déportation des juifs par les nazis a complété le tableau. Enfin, la guerre civile a fait fuir les non-grecs. Et aujourd’hui me voilà, à la conquête de Thessalonique, (très) maigre page d’histoire démarrée par le vol de mon portefeuille, qui ne restera pas, je crois, dans les annales de la municipalité, tout au plus sur une étagère oubliée d’un poste de police de quartier.

HISTOIRE DE MONSIEUR DUCHAMP

Paul Duchamp était mon grand-père maternel. Né à Nevers à la fin du siècle, le 19ème, tout juste bachelier et patriote comme tout le monde à cette époque. Il devance le recrutement militaire et part à la guerre, la Grande. Ratataplan ! Il atterrit (en bateau tout de même) dans les Balkans nébuleux du moment, Grèce, Macédoine, Bulgarie, Turquie… enfin par-là, juste après la déroute de la bataille du Détroit des Dardanelles (250.000 morts). Je l’ai toujours entendu parler des Dardas. Je me souviens qu’il était d’une humeur exécrable lorsque les commentateurs du défilé du 11 novembre , ne citaient pas les combattants des Dardanelles. Il en est marqué à vie, adhère à une amicale des anciens des Dardas avec quelques banquets à l’appui et fait un ou deux voyages du souvenir. J’ai en ma possession une collection impressionnante de cartes postales qu’il écrivait chaque jour ou presque à ses parents morts de trouille pour ce fils unique parti dans ce pays d’ottomans attardés. Le fond historique de ces messages est d’un intérêt tout relatif. Je vais bien, j’ai mal au ventre (il avait choppé le palu), je suis parti en inspection à cheval, j’ai échangé mes cigarettes avec le caporal Machin, il a fait froid… Il parle néanmoins régulièrement de schrapnells (obus remplis de balles projetées en éclatant) dans son entourage qui ont tué Untel ou quelques sénégalais (qui ne sont pas nommés). Je ne sais trop quel était son rôle, il ne semblait pas combattant, il était lettré, circulait de poste en poste à cheval. Il est passé à Thessalonique, qu’on appelait encore Salonique, base des alliés. Il a terminé la guerre au Maroc, s’y est adonné aux joies de l’aviation, a fomenté un temps l’idée d’épouser la fille d’un propriétaire terrien, grâce au prestige de l’uniforme, et de prendre la suite. Il est finalement rentré en France retrouver son ascendance, a repris ses études de droit, a épousé une berrichonne qu’on lui a proposée, l’a emmenée à Paris où ils se sont bien chamaillés toute leur vie et où il vivait pour sa carrière de juriste à la SNCF jusqu’à sa retraite.

ET MAINTENANT ON VISITE ?


GALERE

L’empereur romain Galère, de son vrai nom Putainus Quellus Galerius, qui a dirigé la zone orientale de l’empire vers 300 après Jacques-Cœur, a imprimé sa marque dans la ville. Ruines de briques et de pierres aujourd’hui. Alors on trouve l’Arc de Galère (on passe devant sans arrêt), le Palais de Galère (le pas payer l’entrée à 6 €, on en voit très bien l’ensemble depuis l’extérieur), la Rotonde de Galère qui est le seul monument debout. Destiné à être son mausolée, Galère est mort trop loin pour qu’on y mette sa dépouille. Comme un pied de nez, lui qui n’a eu de cesse de persécuter les chrétiens toute sa vie, la rotonde est devenu église. Puis une mosquée avec l’arrivée des ottomans. Et aujourd’hui site de visite où on est impressionné par l’immensité de la coupole. D’autres vestiges romains d’avant et après Juan-Carlos sont disséminés dans la ville.

LES QUARTIERS

ANA POLI est le quartier en surplomb qui a échappé au gigantesque incendie de 1917. Merci au vent du nord. Petites rues en pavés flanquées de belles maisons à encorbellements qui me rappellent un peu l’Albanie ancienne. L’ensemble est parsemé de petites églises toute mignonnes, sombres et surchargées de dorures, de lustres et d’icônes comme ailleurs, et de petits monastères d’où on a les meilleures vues sur la baie et sur le Mont Olympe qui culmine à près de 3.000 mètres (le plus haut de la Grèce). Agios Nikolaou Erfanou entourée d’un joli petit jardin, église des Taxiarques avec sa petite crypte adorable profonde très sombre, Agios Assios David située au sein d’un tout petit monastère, monastère des Vlatades, bel ensemble mais église fermée, ça piaille dans la petite basse-cour attenante… Et puis on monte jusqu’aux remparts où on rejoint les touristes arrivés par la route. Panorama superbe dur la ville et la baie. Pour info, Agios veut dire Saint (Agia pour Sainte).

LE FRONT DE MER

Sur 5 kms depuis le port et le quartier de Ladadika à l’ouest, on longe la rangée d’immeubles homogènes comme à La Baule, comme des anglais en promenade à Nice, comme un Malecon à la sauce grecque. Jusqu’à la Tour Blanche qui est l’emblème de la ville. Au-delà, le nouveau front de mer a été créé il y a quelques années. Une très élégante œuvre de parapluies semblant s’envoler sur le parcours. Bien pour marcher, regarder le soleil couchant et s’envahir les bronches des embruns iodés. L’incendie de 1917 a permis de repenser totalement le plan de la ville avec de longues artères parallèles au front de mer et quadrillées vers l’intérieur. La première rue est huppée, les boutiques sont petites et chics. La deuxième avenue est déjà plus populairement active, les magasins sont plus accessibles, et ça grouille en semaine.

QUARTIER DU PORT, LADADIKA

La première jetée qui encercle la baie a été réaménagée pour la promenade des amoureux. Quelques musées se sont établis dans les anciens entrepôts (photographie, cinéma, centre d’art contemporain). A l’arrière, on se sent plus dans le vieux Salonique, avec des immeubles pelés où pourtant existe une envie de réhabilitation bobo, restaurants et vie nocturne. Plus à l’est, vers la gare qui n’a malheureusement par d’intérêt architectural, un quartier défoncé où règne certainement l’insalubrité, a été investi par les chinois. Ce sont de multiples boutiques de fringues et bijoux (le sentier saloniquois) aux enseignes chinoises, tenues par une population déplacée et soumise qui s’emmerde les yeux rivés sur son smartphone en attendant l’acheteur. Ca n’a pas plus d’intérêt que celui de savoir que ça existe, ce qui n'a en soi aucun intérêt non plus.

UN PEU DE CULTURE

Un passe de 15€ donne accès au musée de la culture byzantine (mon préféré, de magnifiques objets, icônes… de l’époque byzantine jusqu’aux remous pour l’indépendance de la Grèce), au musée archéologique (excellente muséographie), à la rotonde de Galère et à la Tour Blanche (on grimpe facilement les 34 mètres avec explicatifs et photos à chaque étage jusqu’au rooftop et sa vue à 360 degrés sur la ville et la baie).


Mustafa Kemal, plus connu sous le nom d’Atatürk, fondateur de la Turquie moderne, est né à Thessalonique vers 1880, quand la ville était encore sous la dépendance de l’empire ottoman. Sa maison de naissance, grande bâtisse bourgeoise, se visite sur plusieurs étages, photos, objets et textes mis dans le contexte de l’époque. Intéressant et bien présenté. La famille a définitivement quitté Thessalonique lors de la récupération de la Macédoine par la Grèce indépendante.

Au Musée Juif de Thessalonique, première caricature à l’entrée où on n’accepte que l’argent liquide en guise du paiement du billet, alors que partout ailleurs, même pour un café, la carte bancaire et le sans contact sont la règle. Clin d’œil stupide de ma part. La nana de l’accueil n’est pas sympathique, elle m’ordonne mon passe vaccinal et mon passeport comme si je la gênais à venir contribuer à son salaire. Bref, c’est le contenu l’intéressant. Beaucoup de panneaux gés et textuels, dans un ordre chronologique depuis l’arrivée des juifs, même avant l’Inquisition espagnole jusqu’au nazisme et l’extermination de la population juive. Passionnant et bouleversant. Comme partout, les juifs ont participé à l’essor économique tout en demeurant une entité communautaire, forcément jalousée. Ils ont représenté jusqu’à 50% de la population de Thessalonique. L’incendie de 1917, la disparition des quartiers et l’établissement d’un nouveau plan de ville, a permis aux autorités de reprendre la main, de façon plus ou moins déguisée. L’immense cimetière juif a notamment été démembré et rasé pour faire place à l’Université. Les nazis ont ensuite formé des ghettos et la quasi totalité de la population juive a été déportée en 1943. 50.000 juifs étaient recensés en 1928. Ils étaient moins de 2.000 en 1946, y compris ceux qui étaient revenus des camps.

Il y a un chouette Musée d’Art Contemporain, l’entrée se fait par le parc des expositions. Je le visite tout seul. Bas le masque !


J’ai moins aimé le Musée de la Photographie situé en bout de quai au port. La faute à l’exposition de « paysages » qui y est présentée actuellement. Autant la photographie m’enthousiasme souvent, euphémisme, autant certains salons ou expositions peuvent me désespérer parfois. Pourquoi ce cliché est-il exposé ? Quel en est l’intérêt ? C’est que je n’y comprends rien sans doute. 


Il y a également un Musée de la Guerre. Je n'y suis pas allé. Les actualités me suffisent.


LA TOURNEE DES EGLISES

Elles parsèment la ville rebâtie après l’incendie de 1917. Il y a contraste entre la brique des monuments, parfois encerclés d’immeubles sans intérêt. La plus grande est Agios Dimitrios, reconstruite à l’identique, vaste et haute nef. Des fidèles font la queue pour contempler une châsse argentée contenant les reliques de St Dimitrius (osselets ? sa dent de Bouddha ? un poil de cul ?). Les portraits iconiques habituels de dignitaires, popes et autres jalonnent les parcours jusqu’à ce qu’on ne trouve de place pour les accrocher. Ils sont réalisés sur un principe immuable, le personnage est peint de face depuis le milieu du ventre pour qu’on voit les mains croisées, l’attitude est raide, le visage fixe le peintre sans sourire, limite donnant l’impression de se faire ch…. Et l’ensemble est entouré d’une peinture dorée. Il a dû y avoir un stock impressionnant de peinture dorée à écouler dans ces temps anciens ! A force d’en voir, on finit par aimer. C’est presque naïf, et moi, j’aime bien l’Art Naïf.

L’église suivante est Agia Sofia, qui aurait des similitudes que je trouve lointaines avec Sainte Sophie à Istambul. Vaste, à trois nef sans transepts. Des fidèles embrassent, dans un élan pas très covid, les icônes. Quelques panneaux explicatifs sont écrits en grec, russe, bulgare, roumain et anglais (ouf !). Je compare les alphabets. Le russe et le bulgare sont très similaires, ils doivent se comprendre, en tout cas par écrit. Je ne trouve pas de ressemblance flagrante avec le grec.

Agios Pavlos est l’église qu’on voit de loin. Pour y grimper, on traverse un grand cimetière tout blanc. De son balcon, vaste panorama qui englobe Ana Poli, la ville « nouvelle », la baie et le mont Olympe.

FAIRE SON MARCHE

C’est au nord du port qu’il faut se rendre. Les marchés couverts et leurs alentours grouillent de monde le matin. Si le marché Modiano (du nom d’une ancienne famille juive italienne établie à Thessalonique – Patrick Modiano serait descendant de cette famille) est en réhabilitation actuellement, le marché Kapani voisin est bien en activité. Il est installé à l’ancienne par corporations. La variété des poissons est intéressante, leur présentation l’est tout autant. On les dirait vivant jaillissant de leur mer de glace pilée. Il y a des (vrais) oeufs rouge ou arc-en-ciel. Ils ont été peints pour Pâques. Les fringues vont du pantalon de survêtement pas cher (dont s’affuble la plupart des filles quand ce ne sont pas des leggings) aux robes à fleur provinciales et t-shirts criards. J’achète mes premières fraises de la saison, grosses et dures comme les fraises espagnoles qu’on nous vend pas cher dans nos supermarchés avant que ce soit la saison. 1,50€ la grosse barquette, je ne fais pas la fine bouche. Vivement les gariguettes.

A TABLE

Des restaurants partout, pour toutes les bourses, traditionnels ou branchés. Des boulangeries et pâtisseries alléchantes et branchées. Je résiste, je prouve que j’existe, comme dirait le gardien de moutons Michel Berger, et même si je fuis mon bonheur partout, je persiste…

Les cartes sont diversifiées, ce qui change des plats standards qu’on trouve le plus souvent en Grèce, notamment dans les lieux touristiques. C’est la surprise du chef, une belle inventivité.

Comme au restaurant Mourga, où je me suis régalé de crevettes grillées, œufs mollets, fromage , pita et purée de fèves et feuilles de câpres, pita. J’en ai encore la chair de poule. Je n’ai pas été déçu par les classiques assiettes de sardines grillées, de souvlakis de tous poils accompagnées d’aubergines frites parfumées à tremper dans le tzatzíki. Dans mon restaurant de quartier à la jolie déco chaleureuse (dont je ne peux reproduire le nom en caractères cyrilliques), c’est un ragoût de saucisse qui m’a épastouflé…

Le restaurant Ladekum a un décor incroyable, tout en couleurs vives et accumulation d’objets. J’adore. Sa salade complète est pas mal non plus. Pas loin de là, en terrasse d’une ruelle calme, j’ai mangé un Voskopita, qui est une tourte fine d’épinards, fenouil sauvage, oignons et fromage. Ca vient de Crète, c’est pas mal du tout.

Et n’oubliez pas les tzatzikis, les souvlakis, la moussaka, le tsipouro, le risotto et toutikwanti, poil au kiki.

Attention, on vous met souvent d’office une corbeille de pain et une bouteille d’eau sur la table. C’est payant. Si vous n’en voulez pas, dites-le. Et contrôlez la note, car il n’est pas rare qu’on vous les compte même si vous n’y avez pas touché. Le touriste est un gogo partout.

POUR CONCLURE

J’avais prévu une ou deux journées en voiture, pour voir ailleurs si c’est bien aussi. Le sort, et surtout mon voleur de portefeuille, ne me l’a pas permis. J’ai donc pris mon temps. Quatre jours sont très bien pour visiter la ville. Avec cinq jours c’est encore mieux et complet. Plus longtemps comme moi permet d’étirer le temps, de fouiner partout, de revenir aux endroits qu’on a aimé, de bouquiner, de prendre des habitudes (le capuccino du matin, très important le capuccino du matin !).

Au niveau météo, je ne suis pas tombé dans la bonne fenêtre de tir. Deux jours de franche pluie, une température moyenne et des promesses d’amélioration repoussées chaque jour comme des promesses électorales. Le dernier jour qui devait être excellent n’a pas vu le soleil pointer le bout de ses seins. C’était très bien quand même cette parenthèse.

Etant dans un appartement, je n’ai pas rencontré grand monde, à part ma logeuse, et pourtant, du monde, il y en a tout autour. Il me semble que les prix ont augmenté par rapport à mes souvenirs de Grèce, mais ça reste raisonnable pour nos bourses françaises. Chaque voyage me donne des idées d’autres voyages ou de suite. Par exemple prendre une voiture à Thessalonique et aller vers l’est, en Thrace, jusqu’à la Turquie, partie sans doute la moins visitée de Grèce car la plus éloignée, aller voir les îles du coin, Thassos et Samothrace. Bref, le Voyage est inépuisable, quel bonheur ! J'espère que ça vous donnera des idées. Et comme disait un militaire russe : "Prends-en de l'ukraine"...